L’association Ibn Al Baytar (AIB) a été créée en 1999 suite aux travaux engagés par sa présidente le Pr Zoubida Charrouf (en tant que Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat) depuis 1985, pour faire de l’arganier un levier de développement local et d’autonomisation de la femme rurale. Ses activités s’inscrivent dans les domaines de la préservation et la valorisation de la biodiversité du Maroc, la création d’emploi, la diversification et amélioration des revenus pour des coopératives des femmes et des populations rurales comme approche d’adaptation au changementclimatique.

Un grand nombre d’activités ont été menées dans tous les domaines : Recherche fondamentale, recherche et développement, formations, activités génératrices de revenue, reboisement, communication, organisation de la filière, labellisation etc…

Ces efforts ont permis la valorisation du produit principal de l’arganier (l’huile d’argane) et à sa reconnaissance internationale en 2009 comme le meilleur ingrédient cosmétique sur la planète. Plus de 300 coopératives de femmes ont été créées sur le modèle de la première (créée en 1996) et près de 100 petites et moyennes entreprises (PME) nationales et des milliers à l’international profitent actuellement des travaux sur l’huile d’argane.

De 1996 à 2008

Les projets de l’association Ibn Baytar (AIB), soutenus par plusieurs partenaires marocains (INDH et la Fondation Mohammed V) et internationaux (GIZ, la coopération Internationale de Monaco, de Canada, de Japon, d’Allemagne et de Belgique…), ont favorisé la mobilisation et la formation de groupements de femmes rurales à travers la création de coopératives d’argane regroupant plus de 3000 femmes et l’émergence de la filière d’huile d’argane.

L’Arganeraie est une forêt domaniale qui joue un rôle socio-économique et environnementale d’une grande importance. Son statut juridique octroie aux usufruitiers (ayant droit) la collecte du fruit, la culture sous les arbres, le pâturage et le ramassage du bois mort. Les ayant droit de la forêt jouissent donc de ces droits et en héritent selon la religion musulmane.

Malgré le rôle socio-économique et environnemental de l’arganeraie, on a assisté dans les années 70 à une régression de plus de 600 ha par an. Cette régression est d’origine anthropique. Il fallait trouver comment transformer ce problème écologique en une opportunité économique pour les usages de la forêt pour qu’ils s’investissent d’une façon naturelle dans sa préservation. Dans la continuité des projets gouvernementaux, la faculté des sciences de Rabat a entrepris des travaux de recherche sous la direction du Prof Zoubida Charrouf pour valoriser les produits de l’arganier. Ces projets étaient essentiels pour asseoir les projets de développement pour d’une part valoriser le produit principal de l’arbre qui est l’huile d’argane mais également les co-produits pour les promouvoir en tant que produits à intérêt industriel. A l’heure actuelle, une centaine de publications et des revues ont été publiées dans des journaux scientifiques d’un haut niveau.

Cette recherche fondamentale et appliquée a été poursuivie par de la recherche action en initiant les premières coopératives d’huile d’argane en 1996 à l’utilisation de cette nouvelle technologie développée à la Faculté des Sciences de Rabat. L’association Ibn Al Baytar a pris la relève dès 1999 en développant d’autres coopératives et en les fédérant en groupement à intérêt économique en 2003.

Huile d’argane (1er IGP dans le continent africain )

L’AIB a travaillé aussi bien sur la formation qu’en appui à la commercialisation, faisant profiter ainsi les coopératives de son réseau des industriels européens et asiatiques. Membre fondateur du réseau international des producteurs de produit sous indication géographique (OriGIn), l’AIB vice-présidente d’Afrique du Nord et moyen Orient (2004-2009) a su tisser des liens afin qu’OriGIn aide les producteurs marocains, du Souss Massa Draa, dans leur démarche pour l’établissement d’une loi sur les signes distinctifs (au niveau national) et la reconnaissance de l’huile d’argane comme première IGP dans le continent africain en 2009.

Alphabétisation et sensibilisation

Parallèlement à ces réalisations, l’AIB a développé des outils de formation pour le post alphabétisation des femmes. Ainsi l’AIB a conçu un ouvrage en 2005 avec l’aide de la coopération belge flamande. Ce document a servi à former plus de 2000 femmes.
Avec l’aide de la Coopération Internationale de Monaco (CIM), l’AIB a développé en 2008 et testé en 2009, de nouveaux outils de formation en langue Amazigh (Berbère). Ces outils ont permis la formation professionnalisante de 1000 femmes des coopératives de l’arganeraie et mener une caravane d’alphabétisation et de sensibilisation avec l’appui financier de Nutrition
Act.

L’ensemble de ces projets ont eu des retombées socio-économique extrêmement intéressantes.
A l’heure actuelle près de 420 coopératives de femmes existent employant près de 15 000 femmes. Quatre GIE et 2 unions de coopératives contribuent en aval de la filière à commercialiser les produits de leurs membres.
Une centaine de PME et PMI travaillant avec des groupements de concassage de femmes et commercialisent les ¾ de la production au niveau national.
Une exportation de plus de 3000 tonnes/an pour l’équivalent de 1 milliard de DH en 2019.
Des SPA, des centres de massages à l’huile et des boutiques dans toutes les villes du Maroc utilisant près de 1000 tonnes par an.
Une reconnaissance internationale de l’huile d’argane et de l’arganier. Une journée mondiale lui a été consacrée en mars 2021 par les nations unies : 10 mai
Développement de toute une industrie liée à la production de l’huile d’argane : machinerie, commercialisation des bouteilles, sociétés de communication etc..
Développement de la région par les visites de touristes
Un développement social pour toutes les femmes des coopératives.